Présentation des grands projets de Marseille pour 2014-2020 avec Laure-Agnès Caradec, adjointe au maire et déléguée au projet métropolitain. Objectif : développer la cité phocéenne en s’appuyant sur une stratégie de métropole.

Derrière les « objets mondes » comme le MuCem, Marseille se lance dans une nouvelle politique d’urbanisme. Laure-Agnès Caradec, adjointe au maire de Marseille a présenté lors des 24 heures de l’architecture les projets d’urbanismes de sa ville pour 2014-2020. Premier thème abordé, celui de la volonté de faire travailler en synergie l’ensemble des acteurs du territoire. Une ambition nouvelle de la mairie marseillaise qui participe désormais à la « réflexion métropolitaine » comme l’explique Laure-Agnès Caradec. Les acteurs concernés et qui travaillent de « manière collégiale » sont les services de la ville mais aussi ceux de la Communauté urbaine MPM et de l’Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise (Agam). Il s’agit, selon l’adjointe à l’urbanisme de « rendre attractif le territoire en assurant un équilibre entre le développement de la ville et la préservation des espaces verts. Mais aussi, développer ce qui est très visible, ce que l’on appelle les « objets mondes » comme le MuCEM ou le nouveau Vélodrome, sans oublier de faire un gros travail sur les projets de tous les jours, afin d’être capable d’accueillir de nouveaux arrivants. » Il s’agit notamment de construire des nouveaux logements et des équipements de proximité. La ville de Marseille ambitionne de « construire 5000 nouveaux logements par an ».


L’attitude adoptée par la ville semble être réfléchie et posée. Dorénavant, il ne s’agira plus de sortir rapidement un projet… Mais davantage de prendre le temps d’explorer toutes les pistes possibles et de réunir tous les acteurs concernés. Donc, plus de concertation avec les habitants. Une nouvelle très positive pour les grands projets à venir.
Feu vert pour la transformation du quartier Belle de Mai…
La reconversion du quartier de la Belle de Mai en est le plus grand témoin. Ici, pas question de foncer tête baissée. La ville s’est engagée dans un processus de concertation avec des ateliers de discussion organisés au sein même du quartier avec ses habitants. A la suite de cette concertation, les techniciens de la ville s’emploieront à rédiger un cahier des charges qui devrait permettre de lancer une consultation internationale d’ici la fin de l’année. L’objectif ? Sélectionner une équipe pluridisciplinaire composée d’urbanistes, d’architectes, de paysagistes, de sociologues et autres spécialistes du territoire, pour mener à bien une étude de programmation sur un périmètre de 140 hectares autour de la gare Saint-Charles.

Là encore, la ville souhaite prendre son temps. Laure-Agnès Caradec explique que « la ville est en train d’acheter 7 hectares de terrain de casernes à la Belle de Mai. Mais la réflexion en cours ne s’arrête pas à ces 7 ha. Il faut trouver une transversalité entre les deux quartiers qui bordent la voie ferrée de part et d’autre de la gare Saint-Charles. Actuellement, la ville termine des ateliers de concertation menés par l’agence Respublica et qui permettent d’évaluer l’attente des habitants. C’est une démarche nouvelle pour la ville qui demande beaucoup d’énergie et surtout qui étonne les habitants ! »
Focus sur la rénovation du Vieux-Port…
En ce qui concerne le projet de rénovation du Vieux-Port, la ville se veut plus positive que la Communauté urbaine MPM, dont le président (UMP) Guy Teissier, a récemment déclaré dans la presse que le projet d’aménagement d’un glacis sur le bassin carénage et d’une chaîne de parc à la sortie du Vieux-Port, côté Palais du Pharo, était compromis pour des raisons financières.

Laure-Agnès Caradec assure que ces deux parties du projet se feront, mais pas à court terme. Elle voit plutôt le projet de Michel Desvigne, le célèbre paysagiste auteur du projet, « comme un plan guide pour les vingt ans à venir ».
Le véritable objectif de la ville de Marseille pour le mandat actuel est de parvenir à trouver une solution de franchissement pour le Vieux-Port. L’élue à l’urbanisme tient absolument à permettre aux Marseillais de circuler aisément entre les deux rives du port. Le ferry-boat n’étant pas jugé suffisant efficace. Aujourd’hui, son objectif est donc de savoir quel sera l’ouvrage adapté à ce franchissement : « un téléphérique ? Un pont transbordeur ? Une passerelle ? » Une étude de faisabilité technique et financière est en cours. Elle devrait aboutir à des scénarii d’aménagement courant 2015. L’objectif de cette étude : définir la meilleure solution, la plus intégrée dans le paysage. « Le plus simple serait une passerelle » affirme l’élue marseillaise.
Et la Canebière dans tout ça ?
La Canebière, plus célèbre avenue de la ville dont le charme s’estompe peu à peu, ne satisfait pas l’élue à l’urbanisme. Mais pour l’instant, pas de projets spécifiques en vue. Si ce n’est la construction d’un cinéma dans les locaux de la mairie du 1e secteur (1e et 7e arrondissements). Ce projet, dont tout le monde parle sur la Canebière depuis plusieurs années, ne pourra se faire sans la relocalisation des locaux de la mairie de secteur. Sauf que la mairie centrale de Jean-Claude Gaudin ne souhaite pas voir déménager ces locaux dans le 7e arrondissement, et que des bureaux d’une taille suffisante dans le 1e arrondissement ne sont pas monnaie courante… Il faut donc attendre encore un peu pour voir déboucher ce beau projet qui dynamisera sans doute toute la partie haute de la Canebière !
Les travaux dans les rues Saint-Ferréol, de Rome et Paradis sont imminents. Ils sont gérés par la Communauté urbaine MPM qui a en charge l’aménagement des espaces publics sur son territoire.

La rue de Rome terminera sa mue radicale avec le passage du tramway d’ici la fin de l’année. La rue Saint-Ferréol vient d’entamer un chantier de réhabilitation. Ses derniers aménagements remontaient à 25 ans ! Le projet comprend la réfection progressive des 4850 m² de dalles en granit, des 1000 m² de pavés en granit, des dalles en calcaire et des 860 mètres de caniveau. Nettoyage, remplacement des matériaux, mise en place de pavés plus confortables à la marche au niveau des carrefours, changement des joints… La réfection se situe entre la rue d’Armény et la Canebière. Le coût de l’opération est de 1,1 M€.
Enfin, c’est la rue Paradis qui bénéficiera du dernier coup de lifting, dès la fin des travaux de la rue Saint-Ferréol. L’objectif est de créer une seule voie de circulation pour les voitures au lieu de deux aujourd’hui. Il s’agit d’enlever le stationnement de part et d’autre de la rue qui pénalisent les piétons et les vélos, de créer des zones de stationnement pour la livraison des commerces à des endroits spécifiques. Et enfin, d’élargir les trottoirs pour redonner une allure apaisée à cette très grande rue commerçante du centre-ville de Marseille. MPM envisage même de créer une zone 20 ou 30 km/h afin de pacifier les déplacements et permettent la cohabitation des vélos, des piétons et des voitures. Le chantier durera quelques mois et prendra fin en décembre 2015.
Marseille capitale européenne du sport 2017, et alors ?
Que va apporter ce label à la ville ? Va-t-il permettre de voir émerger de nouveaux projets sportifs ? Pour l’élue, ce label « est un catalyseur, comme l’a été le titre de Capitale européenne de la culture 2013. Car le nerf de la guerre, c’est toujours le financement. » Ce titre permettra donc peut-être d’attirer des investissements sur la ville. Laure-Agnès Caradec insiste sur la nécessité de mutualiser les équipements sportifs pour parvenir à être compétitif.
L’Aréna se fera-t-elle ? Pour l’instant, ce n’est pas une priorité pour la ville qui souhaite laisser au privé l’opportunité de réaliser un tel équipement. La volonté de Marseille se penche plutôt sur la construction d’un équipement multifonctionnel et la remise à niveau des équipements existants. On pense bien évidemment au vétuste Palais des sports, jugé obsolète par la municipalité. Il faudra essayer de trouver une solution de rénovation pérenne qui permettent notamment d’accueillir sans problèmes des compétitions très importantes comme l’Open 13 de tennis.
Aujourd’hui, les grands projets de la ville sont la construction d’un Casino et d’une Cité de la mer, autour d’un aquarium à dimension internationale.
Feu vert pour le centre commercial du stade Vélodrome, avenue du Prado !
Le Conseil d’Etat a enfin statué sur le recours qui s’opposait à la construction de ce nouveau centre commercial marseillais. Et, il autorise le démarrage du chantier après plus d’une année de retard. Les travaux démarreront donc dans 15 jours. Les services de la ville réfléchissent actuellement avec les entreprises de BTP sur la localisation des baraques de chantier.

L’îlot Allar entre en action…
Le portugais Eduardo Souto de Moura, lauréat 2011 du prix Pritzker, a été retenu par Eiffage pour plancher sur l’aménagement de l’îlot Allar, quartier témoin sur lequel l’Etablissement public Euroméditerranée entend tester les modes de construction et d’aménagement durable de l’Ecocité.
Situé dans le 15e arrondissement entre le nouveau siège régional d’EDF et le marché aux puces, sur le périmètre d’extension Euromed 2, l’îlot « démonstrateur » permet, à une échelle intermédiaire (58 000m² SHON sur une emprise foncière de 2,4 ha) d’engager une démarche expérimentale et innovante d’élaboration d’un modèle d’habitat méditerranéen durable reproductible, notamment grâce à la fameuse boucle à eau de mer qui permet d’alimenter les constructions en énergie, un service d’autopartage ou encore une e-conciergerie. Au programme : de nouveaux logements, de nouveaux bureaux, une école, des commerces, des services de la ville de Marseille, etc. Ce projet marque en quelques sortes « une reconquête des quartiers difficiles par la ville et une volonté de redynamiser le tissus urbain local », comme l’explique l’élue marseillaise.
Avec cette prestigieuse signature, Marseille démontre qu’elle attire les plus grandes pointures de l’architecture. Le permis a été déposé et le chantier devrait bientôt démarrer.
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Murielle PLAS
source architecture-urbanisme.fr